FOIRE DE CHâLONs
SEPTEMBRE 2022
CONTEXTE DE LA RENCONTRE
VIVESCIA, groupe coopératif agricole et agroalimentaire, membre de l’Alliance française pour la neutralité carbone, est présent chaque année en septembre à la Foire de Châlons, à Châlons-en-Champagne, dans le département de la Marne. Ce rendez-vous agricole fait partie, depuis plus de 70 ans, des événements incontournables de la rentrée politique et économique. Il réunit chaque année une diversité d’exposants et d’artistes et héberge de nombreuses conférences et événements. L’an passé, la Foire a accueilli plus de 206 000 visiteurs. L’un des enjeux de la Foire de Châlons 2022 est de promouvoir une agriculture à même de répondre aux défis de demain, et en particulier en matière d’environnement. En ce sens, VIVESCIA a souhaité saisir cette opportunité pour réunir les membres de l’Alliance sur son territoire, poursuivre le partage de réflexion sur la décarbonation et valoriser les engagements de chacun.
TABLE RONDE 2
Comment appréhender la transformation des modèles
économiques à l'échelle d'un territoire ?
Amédée BRETIGNIERE, Directeur de l'Innovation et Stratégie de l'impact sociétal, GROUPE REALITES
Société à mission depuis 2021, l’environnement fait partie de nos engagements. Nos principales sources d’émissions carbone pour notre secteur viennent des projets de construction et nos enjeux sont d’abord de mesurer puis de réduire nos émissions, en accompagnant des entrepreneurs dans leurs projets. Nous sommes le premier maître d’œuvres neutre en carbone. En investissant dans la chaine de production, nous essayons de standardiser des éléments pour industrialiser et construire mieux.
Notre approche sur la décarbonation dans les territoires est orientée vers le renouvellement la reconstruction de la ville. Ensuite, on cherche à réinvestir des friches industrielles. Par exemple, nous travaillons à Orléans sur une usine placée sur un site classé avec une rénovation des bâtiments existants : nous allons limiter un maximum la démolition et valoriser le patrimoine. Sur un autre projet, nous avons une usine à Saran avec un bâtiment de 50 000 m² sur 5 niveaux de 10 000 m² totalement désaffecté depuis une vingtaine d’années : nous avons travaillé avec la collectivité sur les besoins du territoire pour développer de nouveaux quartiers. La question de la décarbonation dans l’immobilier n’est pas seulement sur la construction, mais aussi sur la reconstruction en ville pour limiter les déplacements des citoyens et la consommation d’énergie en optimisant les matériaux et le cycle de vie du bâtiment.
Marie-Cécile DAMAVE,
Responsable innovations et affaires internationales, Agridées
Groupe de réflexion sur les stratégies d’orientation agricole, nous faisons de la recherche sur le crédit carbone lié à l’agriculture. Après un travail avec des parties prenantes de l’agriculture et la transformation agroalimentaire, il existe deux leviers possibles : agriculture de précision et bas carbone, demandant des investissements importants, et la production d’énergies durables et biosourcées, avec l’agrivoltaïsme et la méthanisation par exemple. L’agriculteur voit son métier se diversifier : il n’est plus seulement producteur alimentaire, mais aussi énergéticien et vendeur de crédits bas carbone avec des pas de temps et des compétences différentes.
Comme premier volet de décarbonation, il y a une réflexion importante par rapport à la chaîne d'approvisionnement, avec les industries agroalimentaires notamment, qui réfléchissent à inciter l’accompagnement de la décarbonation de leurs fournisseurs de matières premières de biomasse. Ensuite, c'est la compensation de leurs émissions par l'achat de crédits carbone qui peuvent être agricoles et peuvent être générés en France ou en Europe. Il y a de plus en plus de liens entre la décarbonation de sa propre chaîne et l’accompagnement de la transition agroécologique en achetant des crédits carbone aux agriculteurs au niveau local. Cependant, ces derniers sont sur un marché volontaire sans obligation et il y a différentiels de prix avec les crédits carbone provenant d’autres pays. Il faut renforcer le dialogue entre les acteurs produisant des crédits carbone au niveau local et ceux qui sont capable de les acheter.
Olivier de BOHAN
Président, Cristal Union
Nos particularités sont le côté énergivore et la saisonnalité de notre secteur. Il y a deux axes majeurs :
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Réduire la consommation d’énergie, à travers l’efficacité de la production énergétique. Par exemple, la cogénération où nous produisons à la fois de la chaleur et de l’électricité. Améliorer l'efficacité énergétique dans nos procédés de fabrication. Nous avons réduit notre consommation d'énergie de 9% en 10 ans et dans la période 2022-2030, nous avons un objectif de réduction de 10% supplémentaires. Un autre angle de l’efficacité énergétique est le recyclage des énergies résiduelles, dites énergies fatales car elles sont perdues, que l’on réinjecte dans le processus, et qui seront utilisées dans l’une de nos sucreries pour un investissement de 25 000 000 euros et une réduction prévue de 40 000 tonnes de CO2. Ce type d’investissement se fait sur le temps long avec un soutien fort et nécessaire de l’État pour atteindre les objectifs.
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Substituer l’énergie dont nous aurons besoin pour nos productions. Nous substituons aussi de l’énergie fossile par de la biomasse avec le bois, ou avec la méthanisation via notre récente expérimentation en Normandie, nous permettant pour cette usine, d’économiser 8% des besoins énergétiques de notre sucrerie. Ensuite, le solaire nous permettra une réduction de 35% des émissions à horizon 2030 et une neutralité pour 2050 grâce à des investissements colossaux. On approche le milliard d’investissement pour tenir nos engagements à horizon 2050. Nous sommes le premier groupe sucrier engagé dans la plateforme SBTI (Science Based Target Initiative), référentiel international sur les émissions carbone.
Le rayonnement se fait par la labellisation : Nous avons été labellisés « Territoire d'Industrie » sur notre bioraffinerie dans la région Grand Est. En parallèle, nous allons être membre fondateur d'une association locale de dirigeants d'entreprise pour encourager, à travers des actions concrètes en faveur du climat et de la RSE, les entreprises qui n'ont pas forcément les moyens humains. Dans le Grand Est, nous avons une proximité intéressante avec nos élus qui est formidable avec un dialogue établi sur les problématiques de chacun. Nous mettons en place au niveau de la filière sucrière une initiative de mise en place d’une dizaine de camions de 48 tonnes avec des parcours en accord avec les collectivités. Nous réindustrialisons aussi des anciennes usines.
Catherine VAUTRIN, Présidente du Grand Reims
La communauté urbaine du Grand Reims est la première communauté rurale de France avec une activité agricole et viticole importante. L’industrie génère 19% des gaz à effet de serre en France. La communauté urbaine du Grand Est émet 32% : il y a donc une nécessité impérieuse pour notre région de travailler sur ce sujet avec les parties prenantes. Nous observons une montée en puissance de la RSE qui prend presque le pas sur l’approche financière des entreprises même si les équilibres financiers induisent qu’elles récupéreront leurs investissements.
La communauté urbaine du Grand Reims a adopté sa stratégie de neutralité carbone après avoir déjà adopté un projet de territoire qui a pour objectif d'être un territoire référent dans cette matière. Notre enjeu est immense mais volontaire avec comme objectif une baisse de 22% de d'émissions de gaz à effet de serre à une échéance 2030 et une diminution de la consommation énergétique de 14%. Deux de nos enjeux sont le transport et le logement, principaux émetteurs en matière d’émissions de gaz à effet de serre. Pour cela, la région invite ses concitoyens à utiliser les transports en commun : avec des nouvelles lignes, un changement de la flotte de bus qui utiliseront à terme du bioéthanol produit sur notre territoire et lutte contre l’autosolisme. Pour le logement, nous transformons dans certains quartiers les passoires énergétiques avec le changement des matériaux et un raccordement sur un réseau de chaleur. Les collectivités jouent un rôle normatif sur le logement : quelques mois auparavant la publication officielle des normes de la RE2020, nous avons eu une hausse significative des demandes de permis permettant à ces entreprises de rester sur les normes de la RE2012.
La responsabilité des collectivités territoriales repose sur l’accompagnement, notamment en matière d’études de projets des entreprises. En parallèle, nous allons réviser notre schéma de cohérence territoriale avec les industriels. L’acceptabilité sociale est un sujet à améliorer pour permettre le développement de ces projets, par exemple la méthanisation ou l’agrivoltaïsme, tout en préservant les paysages de nos territoires. Nous sommes garants, en tant que collectivités territoriales, de cette volonté de soutien et d’exemplarité.
Christoph BÜREN, Président, VIVESCIA
Une coopérative a la mission de sensibiliser, de transmettre et d’innover. Le premier risque que nous rencontrons aujourd’hui, c’est le changement climatique, qui n’est plus simplement un danger mais un phénomène permanent dont les conséquences se déroulent sous nos yeux. Il faut aller beaucoup plus loin dans la gestion du risque, en passant par l’investissement, la recherche et l’innovation, notamment par le biais de nos différents instituts. Cependant ces derniers ne sont, selon moi, pas assez dans la prospective. L’INRAE est-il prêt à investir à l’avenir, sans augmenter son budget, 30 à 35% de sa recherche dans les conséquences de l’évolution du climat et dans l’adaptation à trouver pour l’agriculture ? L’adaptation, cela reste quelque chose de totalement nouveau, que ce soit dans les pratiques ou encore dans la data. Sur la financiarisation du risque, il faut également s’interroger sur la capacité du client, du citoyen, à payer un peu plus pour accompagner les entreprises dans cette démarche, car l’agriculteur ne peut pas prendre ce risque seul. Il faut que l’ensemble du paysage agro-industriel français et européen ait la capacité de bien se projeter vers le futur et de minimiser les risques liés à l’agriculture.
Les industriels veulent faire évoluer les choses. À partir du moment où nous sommes d’accord sur le fait que nous sommes face à un défi majeur, il faut être conscient que nous ne pourrons pas le relever seul. C’est pourquoi il faut trouver une confiance réciproque et partager un certain nombre d’informations au niveau territorial. Dans les filières de l’orge et du sucre, on voit que ce sont les mêmes agriculteurs. Avec Bastien SACHET, nous travaillons sur la fondation Sols Vivants, et il y a probablement des relais à développer avec nos représentants territoriaux dans des agricultures différentes. Nous devons avoir la capacité de travailler avec des coopératives voisines sur d’autres territoires. Les enjeux auxquels nous faisons face impliquent que nous devons prendre des risques, innover et donc investir de l’argent dans du matériel ou de la recherche, et nous ne pouvons plus à ce stade mener ces recherches seul. Il faut également se projeter dans des partenariats publics privés.
Olivier HAUTIN,
Directeur général, Malteurop
Classé dans les premiers producteurs mondiaux de malt, nous souhaitons être neutre en carbone en 2040 et nous accompagnons notre marché dans cette démarche. Notre défi pour nos transformateurs industriels d’orge est en termes de scope 1 et 2 sur la nécessité d’accompagner nos clients et notre marché. Nous effectuons un travail important sur le schéma énergétique de nos productions. Pour le Grand Est, il y a des enjeux forts dû aux différences d’émissions entre nos 4 sites de production de malt qui sourcent 500 000 tonnes d’orge, en fonction par exemple de l’actuelle utilisation d’un réseau de chaleur urbain ou d’un mix énergétique moins favorable. C’est un travail en profondeur, site par site, à effectuer qui nécessite un dialogue approfondi avec les élus locaux. Notre « scope 3 » est fondamental et la Coopérative VIVESCIA nous aide en tant que laboratoire unique pour développer des orges à bas carbone.
Nous cherchons dans nos entreprises à réduire nos consommations au maximum, ensuite nous voulons remplacer les énergies fossiles par les énergies à faible impact en termes de carbone. Premièrement, nous croyons aux partenariats public-privé car ce sont des investissements. Ensuite, c’est aussi un besoin d'innovation fort dans le cadre de filières, de l'agriculteur jusqu'au consommateur final en passant par l’industriel. C’est en travaillant ensemble que nous pouvons réussir des changements majeurs sur ce domaine : il n’y aura pas de progrès sans ces partenariats public-privé.
Olivier FLAHAUT, Coordinateur Pole Transition Énergétique, Direction régionale Grand Est de l’ADEME
L’ADEME a beaucoup œuvré dans le monde public sur le volet décarbonation, déchet, énergie… Depuis quelques années, nous constatons avec des initiatives privées du monde de l’industrie et l’agriculture, se traduisant par de la volonté et des moyens.
Au niveau de l'ADEME, nous fonctionnons grâce à la politique de l'état et à ce que nos structures de tutelles nous procurent comme moyens, nous permettant de développer des leviers pour le développement techniques et financiers des énergies renouvelables comme le fonds chaleur pour la biomasse, qui augmentent (40% d'augmentation depuis 23 ans). Nos antennes locales nous permettent de travailler avec les acteurs sur le terrain et de les accompagner dans leur transformation. Les 3 outils les plus importants dont nous disposons aujourd'hui :
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L’appel à projet « BCIAT » sur les sujets biomasse avec l'an dernier 39 lauréats et 646 000 tonnes de CO2 évitées avec des transformations lourdes sur des acteurs et des investissements importants
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L'appel à projets « Industrie » avec 32 lauréats en 2021 pour 410 000 tonnes représentant 12% de réduction de gaz à effet de serre de ces entreprises.
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L’appel à projet « Decarb Flash » sur des solutions techniques simplifiées et opérationnelles qui viennent directement aider les entreprises.
Ces 3 outils en 2022 représentent 150 000 000 d'euros mobilisés.
Boris RAVIGNON,
Maire de Charleville-Mézières, Vice-Président Grand Est chargé de l’économie et des fonds européens
Nous observons une mobilisation des acteurs privés sans précédent résultant de l'étreinte qu'ils vivent actuellement du point de vue énergétique. Les entreprises ne sont cependant pas restées dans une approche de court terme et font preuve d’anticipation en intégrant dès à présent dans leurs orientations stratégiques des objectifs de neutralité carbone, de recherche de matériaux énergétique, etc. Cette volonté doit être soutenue et encouragée par les pouvoirs publics. En parallèle de ces efforts d’investissements importants, il y a une volonté d’innovation spectaculaire pour atteindre les objectifs qui se doit d’être soutenue, qui va bien au-delà du simple calcul de court terme lié au prix de l'énergie.
Nous mettons à la région en pratique deux notions :
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Accompagnement : Nous sommes confrontés à une distorsion ou une asymétrie d'information entre les grandes entreprises et l’essentiel des autres plus petites entreprises (dans le Grand Est, 80% ont moins de 20 salariés) : il faut accompagner ces dernières dans une démarche de diagnostic sur leur situation de consommation énergétique et les flécher sur les démarches de décarbonation accessibles. Il faut une mobilisation des pouvoirs publics pour apporter le plus possible des solutions pour passer de l’annonce à la mise en œuvre. C’est à la collectivité territoriale de mobiliser le tissu industriel agricole et artisanale pour les engager. Pour cela, nous avons défini 3 moteurs du changement : la transformation numérique, écologique et énergétique des entreprises. Nous réorientons les moyens dont dispose la région, environ 1 900 000 000 euros, pour accompagner les efforts d’investissement.
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: Il faut assurer une cohérence dans le SRADDET (Schéma régional d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires) de notre région qui doit notamment retranscrire les objectifs de zéro artificialisation nette. Nous avons besoin de toutes les professions, notamment agricole, pour pouvoir à la fois préserver les capacités de séquestration de notre biodiversité tout en décarbonant les activités notamment en apportant la contribution que l’agriculture peut apporter à la production d’énergie. Il faut préserver le foncier agricole et aller vers la 0 artificialisation nette, en travaillant sur les fiches et la reconstruction de la ville sur la ville. Une bonne cohérence est nécessaire.
Christoph BÜREN, Président, VIVESCIA
Nous travaillons dès à présent avec les acteurs locaux, notamment la région, par exemple sur notre volonté de mettre en place une ligne de trituration de soja local non OGM dans la région Grand Est. Concernant la décarbonation, ce sujet va de pair avec la pérennité des entreprises, et c’est pour cela que chacune le prend à cœur dans ses orientations stratégiques. VIVESCIA a déjà entrepris cette volonté de quantification de nos émissions directes depuis 5 ans et depuis nous les améliorons. En parallèle, nous sommes à la phase de quantification sur les émissions indirectes, qui, dans l’agroalimentaire, influencent fortement l’ensemble de la chaine de valeur. Nous essayons de trouver de nouvelles sources d’énergie, optimiser les processus actuels, etc. Il faut continuer à produire des innovations de rupture, que ce soit pour notre processus de transformation (émissions directes), ou pour les émissions indirectes.
La région Grand Est est un territoire de puits de carbone (forêt, pâtures, grandes cultures). Il est fondamental que tous les acteurs privés et publics aient la capacité de se parler pour les développements des projets de décarbonation tout en décloisonnant les secteurs. La région doit être un facilitateur et donner à ses entreprises une vision de long terme avec une stratégie établie pour le territoire. Ensuite, autour de l’hydrogène et de l’énergie, je pense que la région doit avoir un questionnement sur le développement de son autonomie énergétique et ainsi donner l’impulsion avec une stratégie sur le long terme aux entreprises qui suivront et construiront en fonction.
En conclusion
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Cette évolution des pratiques vers la décarbonation ne doit pas être punitive et nous ne devons pas réduire la production pour justifier une baisse des consommations (biais souvent utilisé).
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Nous avons aussi besoin d’une confiance réciproque entre les partenaires.
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Nous pouvons avoir des chartes entre entreprises au niveau national mais nous avons besoin d’une vision et une stratégie européenne pour ne pas embrouiller l’opinion publique mais aussi les agriculteurs avec des dispositifs d’aides différents
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Il est important de dérisquer l'agriculture pour avoir un impact sur l'innovation et ses investissements.
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C’est l'ensemble de ces actions qui vont nous permettre d'atteindre notre objectif futur aux différents horizons (2030, 2040, 2050…).
Frédéric DESCROZAILLE, Député du Val-de-Marne
La première chose que je relève des propos tenus pendant cette table ronde est l’acculturation de l’ensemble de la société, c’est-à-dire de mettre un peu plus de valeur dans l’assiette par l’achat, à hauteur de quelques centimes, notamment pour la restauration collective. Ces quelques centimes représentent une hausse de la rémunération des agriculteurs, pour peu que ce soit intégralement répercuté sur l’achat des denrées agricoles. Concernant le risque, il doit être partagé. L’aléa principal dans le métier d’agriculteur est l’écrasement des marges, rendu insupportable depuis des décennies, et il faut trouver des marges de manœuvre. La capacité des sols est au cœur de la maîtrise du cycle et nous avons besoin du sol pour générer de la matière alimentaire (organique et carbonée). Nous ne retrouverons pas cela sans qu’il y ait de tolérance aux imprévus. Il faut s’adresser au grand public avec des outils de support, faire de la pédagogie, déclencher des débats, des controverses mais dans le respect des acteurs. Concernant la recherche, nous balbutions sur la connaissance de la vie microbienne et microbiologique, nous apprenons que nous sommes peuplés de micro-organismes vivants, sur les plantes et dans le sol. Il faut faire un point sur tous les tâtonnements dans ce domaine et le rôle de l’INRAE est charnière. Concernant le côté législatif, il faudrait certes légiférer mais surtout contrôler sur ce qui se fait, ce qui est déjà en vigueur, car cela ne sert à rien d’avoir l’ambition de voter les textes si après on a du mal à les appliquer.
En conclusion :
• Ne pas segmenter la réflexion afin de ne pas porter atteinte à notre modèle d’agriculture réactive. D’un point de vue géopolitique, l’agriculture dans le monde nous permet d’avoir deux à trois mois de réserves de sécurité alimentaire mondiale. Ces deux à trois mois de sécurité sont produits par cinq zones de production dans le monde, dont la France pour l’Europe de l’Ouest, le Canada, les Etats-Unis, l’Australie et l’Europe. La stabilité de la production française est essentielle car les pays qui en dépendent ne sont pas capables de reproduire les conditions climatiques qui sont les nôtres. Le GIEC explique bien que dans les décennies à venir, la première cause de déstabilisation géopolitique et de pression migratoire, sera la rupture de la chaine d’alimentation.
• S’agissant du réchauffement climatique, il y a deux enjeux : la lutte et l’adaptation.
o La lutte est nécessairement mondiale, la France pourra faire tous les efforts qu’elle veut, cela n’aura pas d’effet si les autres pays ne s’y mettent pas.
o Localement, par territoire, cela nécessite de s’adapter par bassin économique à la question de l’eau et de l’impact de la recherche et du développement sur des variétés nouvelles qui résistent mieux.
• Ensuite, la confiance, la reconnaissance et la transmission sont essentielles. Le renouvellement des actifs est politiquement le plus gros sujet à traiter dans les quinze années à venir. C’est un point culturel fort en France : lorsque l’on est paysan, on l’est à vie. Il faut trouver une solution pour que les jeunes qui s’engagent dans cette voie puissent, au bout de quinze ans, vendre leur affaire sans que cela soit un drame. Le renouvellement doit se faire autrement que selon le modèle traditionnel cadre familial ou hors cadre familial, car ce modèle n’est plus adapté. La reconnaissance qui manque au secteur agricole est liée au défaut de connaissances sur les métiers du monde rural.
Enfin, la dimension achat est également à prendre en compte. L’achat est central comme fonction dans toute cette affaire, quand on sépare l’achat et la vente, c’est la catastrophe. Il faut revenir au code des marchés publics afin d’intégrer le risque dans la fonction achat.
Table ronde 1
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Armand GANDON, Expert agronome bas carbone, Vivescia
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Alban COLLARD, Associé-Coopérateur, Vivescia
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Alain DEKETÈLE, Associé-Coopérateur, Vivescia
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Hervé LE FAOU, Chief Procurement Officer (Directeur des achats), Heineken
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Christophe KLOTZ, Directeur RSE et création de valeur partagée, Nestlé France
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Benoît PIÈTREMENT, Vice-Président, AGPB – Président, AGPB Marne
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Jean-François LOISEAU, Président, Intercéréales
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Bastien SACHET, CEO, Earthworm
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Christoph BÜREN, Président, Vivescia
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Frédéric DESCROZAILLE, Député du Val-de-Marne
Table ronde 2
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Amédée BRÉTIGNIÈRE, Directeur innovation et stratégie impact sociétal, Groupe RÉALITÉS
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Olivier HAUTIN, Directeur général, Malteurop
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Marie-Cécile DAMAVE, Responsable innovations et affaires internationales, Agridées
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Olivier FLAHAUT, Coordinateur Pôle Transition Energétique, Direction régionale Grand Est, ADEME
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Olivier de BOHAN, Président, Cristal Union
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Boris RAVIGNON, Maire de Charleville-Mézières, Vice-Président de la région Grand Est chargé de l’économie et des fonds européens
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Christoph BÜREN, Président, Vivescia
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Catherine VAUTRIN, Présidente, Grand Reims
PARTICIPANTS
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Charles DE COURSON, Député de la Marne
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Jean-Philippe FONS, Sous-préfet de Vitry-le-François
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Vanina PAOLI-GAGIN, Sénatrice de L’Aube
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René-Paul SAVARY, Sénateur de la Marne
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Jacques LUCBEREILH, Sous-préfet de Reims
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Bertrand RIGAL, Directeur de la Transition écologique, Communauté urbaine du Grand Reims
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Alexandre DUCRUET, Directeur Territorial, GRDF
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Cyril COGNIARD, Président de la CGB Champagne Bourgogne (Confédération Générale des Planteurs de Betteraves)
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Anthony SPITAËLS, Responsable Affaires publiques, Nestlé France
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Stella HANS, suppléante de Xavier Albertini, Député de la Marne